Chaînes satellitaires arabes

Petit tour d'horizon dans le paysage des chaînes satellitaires arabes. Glaçant!!
Première remarque : l’omniprésence du religieux. Même une station moderne et laïque comme la LBC libanaise s’y met, à travers une émission censée interpréter les rêves des téléspectateurs grâce à l’Islam (!).  A côté, il y a évidemment les chaînes 100% religieuses, de plus en plus nombreuses, bien faites, très modernes dans la forme.
La plus connue est la chaîne Iqraa qui semble s’être trompée de siècle. Avec un professionnalisme remarquable, des décors magnifiques, des animateurs et animatrices portant beau et passant bien, l’endoctrinement est garanti. Les messages et les fatwas fusent toute la journée : « La femme n’a pas le droit de serrer la main d’un homme  », « la femme n’a pas le droit de voyager seule au delà d’une distance de 85 km », « La femme doit éviter au maximum de se faire examiner par des médecins mâles non musulmans », « il est interdit d’avoir la moindre relation, ni de travailler avec ou dans une banque occidentale  », "il faut éviter de jouer aux échecs, c'est une perte de temps"… Le tout avec un argumentaire théologique faible, dépassé, douteux ou carrément faux.  Iqraa, c’est 99% d’interdits. Dont la plupart concernent d’ailleurs directement ou indirectement la femme.
Dieu merci, si j’ose dire, le téléspectateur arabe a le choix : il peut zapper vers une chaîne publique, institutionnelle et soporifique, chaîne de propagande comme il se doit, toujours insipide, souvent lugubre, consensuelle, s’efforçant de s’adresser dans un arabe classique suranné à un public qui parle le dialectal et qui ne croit pas le quart de ce qu’elles lui racontent.
Il peut aussi se réfugier auprès d’une chaîne de divertissement, souvent musicale (Rotana par exemple), avec des vidéo clips qui se ressemblent, des stars siliconées, paillettes, clichés et sms.
En gros, il a le choix entre le discours le plus obscurantiste qui soit, habillé de légitimité religieuse ; et un modèle où pour être moderne, il faut singer l’Occident. Nulle part, sur aucun média de masse, on n’explique ni ne montre que l’on peut inventer sa propre modernité, qu’entre l’Occident et le passéisme, il y a une troisième voie; nulle part, il n’y a un projet moderniste clairement assumé et défendu. Le conservatisme est aujourd’hui une lame de fond qui commence à peine à faire des ravages. Quant à l’élite laïque et moderniste, elle existe, c’est vrai. Mais elle n’a jamais su trouver les mots, les tribuns, les discours, les relais pour s’adresser au grand public.